Beauté

'Je suis belle, ô mortels, comme un rêve de pierre
Et mon sein, où chacun s'est meurtri tour à tour,
Est fait pour inspirer au poète un amour
Eternel et muet ainsi que la matière.'

(Charles Baudelaire)

mardi 4 mai 2010

La dureté des principes 2



Chapître 2

Xavier roulait depuis des heures. Il n'avait aucune envie de rentrer dans son duplex sordide. Il redoutait la tentation de s'allonger sur le lit et sombrer dans un sommeil agité. Les événements de la matinée le taraudaient. Il savait n'avoir jamais écrit un seul mot dans cette villa. Il avait uniquement signé son contrat. Il n'avait même pas ajouté la mention 'lu et approuvé'. N'importe qui aurait pu gribouiller ce faux rendez-vous. Il avait veillé à changer sa calligraphie sur la deuxième feuille. Cela pouvait être un billet d'un étudiant quelconque.  Malgré tout, il ne réussissait pas à détacher son esprit de la jeune fille. Il se traita d'imbécile. Pour la première fois de sa vie, il avait eu la possibilité de cueillir ses rêves. Il repensa à tous les articles de journaux qu'il avait entendu sur des affaires de moeurs. Alors qu'il tergiversait entre son refus dogmatique et ses envies d'homme, il ne vit pas le camion sortir du virage. Il freina, braqua à droite. La route trop étroite ne laissait aucune possibilité. Il vit son visage, son sourire et ses lèvres légèrement mouillées.

Le choc fut brutal. C'est tout ce dont il se souvient aujourd'hui, allongé sur le lit d'une chambre hautement appareillée. Il entend des voix autour de lui. Il leur répond. Personne ne semble l'entendre. Il a mal. Il a horriblement mal. Peut-être qu'en hurlant, quelqu'un tiendrait compte de sa douleur. Une voix se fit plus proche.

- Professeur, avez-vous remarqué les spasmes dans les mains du patient. Est-ce normal pour un comateux ?

- Tout est possible, petit, tout est possible. Vous savez, nous ne sommes que des médecins. Nous pouvons interpréter des radios, des scanners, des IRM mais nos pouvoirs ont d'immenses limites.
Nous sommes incapables d'entrer dans l'activité profonde du cerveau. Alors, je répondrais volontiers à votre question si j'étais certain de ne pas me planter. Vous verrez, quand vous aurez exercé quelques années aux soins intensifs, certaines questions resteront sans réponses et vous l'accepterez. Nous ne sommes pas Dieu.

- Evidemment, mais pourquoi ses doigts s'agitent-ils sans arrêt.

- Je l'ignore. Des impulsions nerveuses probablement. Tout est sous contrôle. Au moindre problème, les machines lanceront un signal d'alarme. Cessez de vous inquiéter. Ce n'est que votre premier jour ici. Lui, il en est à sa deuxième année.

- Deux ans  ? Il a de la famille ?

- Bien sûr. Il a même une copine, enfin avait pour ce qui le regarde. Elle a beau venir ici tous les après-midi, avoir commencé des études de médecine, lui raconter sa vie et leur passé, notre bonhomme n'a jamais répondu à aucune de ses phrases.
Si nous arrêtions tous les appareils, il mourrait tout simplement.

- Vous êtes donc convaincu, professeur, qu'il ne sortira jamais de cet état ?

- Sincèrement, je n'en sais rien. Je vous l'ai dit, en médecine, tout est possible. Nous ne sommes pas dans une série télévisée. Les miracles arrivent mais sont rares. Bien, si vous n'avez rien d'autre à signaler, je me permettrai de rejoindre mon cabinet. A demain.

- A demain, professeur, à demain.

L'interne restait perplexe. Plus de sept années à étudier, à passer des nuits aux urgences pour finir aux soins intensifs avec des tonnes de questions qu'aucun manuel ne résolvait.  Il se dit qu'il aimerait rencontrer la famille. Le coma, cet état entre la vie et la mort, le passionnait. Demain, il s'arrangerait pour être dans les parages lors des visites. Dans le passé de cet homme immobile pouvait dormir des réponses. Il détestait considérer les patients comme des numéros arrivés là sans l'avoir souhaité. Qui, par ailleurs, souhaiterait volontairement séjourné dans ce service ?
Il referma la porte du sas et continua son service. La vie continuait.

4 commentaires:

  1. Ouh, quelle suite.... Pfiou... Non, c'est trop dur! Ca ne peut pas se passer comme ça.... Elle est atroce cette fin. Bien menée, bien écrite mais trop triste. D'autant plus que j'écoute cette chanson http://www.deezer.com/listen-3113985 Pas évident...
    En tout cas, pour ton autre possibilité, je souhaite quelque chose de + joyeux ;-)

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  2. haha, j'ai un texte en ligne sur un mec dans le coma.
    la fin est joyeuse... nan
    je rigole... quoique on peut y voir une sorte d'espoir

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  3. Coma ne veut pas dire mort et ce qui serait intéressant c'est de savoir ce qu'elle vient lui raconter tous les après-midi ou pourquoi ?

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  4. bon nous on veut la suite, elle est majeure la cocotte maintenant !! :)

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